Au-delà de l’ancrage géographique affirmé par le titre, c’est dans un imaginaire collectif de la Méditerranée que le spectateur est emporté dès le début du film.
Dans «Un Paese di Calabria», Shu Aiello et Catherine Catella racontent une histoire différente sur l’immigration, différente parce qu’elle sort des canevas lugubres et parfois inquiétants quand on traite le sujet. C’est juste une note d’espoir qui nous ouvre une petite fenêtre pour dire que la cohabitation des cultures est encore possible. Depuis qu’une embarcation de fortune, remplie d’immigrés kurdes, est arrivée il y a maintenant dix ans sur sa plage, la ville a fait le courageux pari d’opter pour une politique d’accueil des migrants. De lieu clos, le «paese» devient ainsi un lieu d’ouverture, vivifiant et engagé sur le futur.
Tout ici respire le terroir traditionnel italien. Et cette voix off qui s’élève pour nous parler de l’immigration italienne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale nous renvoie, elle aussi, à cette sensation d’être en présence d’un lieu confiné dans la solitude, replié sur lui-même, voire abandonné.
La voix off est le récit d’une femme qui raconte sa propre aventure et son départ après la Seconde Guerre mondiale de la ville de Riace à Nice. Le film, grâce à ce procédé, nous tresse cette histoire de l’immigration qui est en train de s’écrire actuellement et qui nous concerne tous. Cela permet au film de rendre particulièrement présent et vivant ce volet de l’histoire pour le spectateur. Finalement, entre hier et aujourd’hui, dans cette tragédie de l’immigration, rien n’a changé ! Voici ce que suggère entre autres le film avec cette voix off très bien montée par rapport aux images récentes des migrants. Une mise en perspective saisissante de l’actualité. L’énergie vitale et l’instinct de survie qui conduisent des hommes et des femmes à quitter leur pays pour essayer d’avoir une vie plus décente, des conditions plus humaines, clémentes.
Le film a tout de même évité un piège dans lequel il aurait pu tomber : l’image idyllique qui aurait pu le rendre naïf ! On est, du début à la fin, emporté dans ce savant «melting pot», ce mélange de toutes ces cultures et par ce récit de vie de cette femme dont la voix est impersonnelle et qui est celle de tous les immigrés italiens.